La diversité (vitale) de la flore intestinale, expliquée par l’écrivain François Légende
Comprendre le fonctionnement de notre écosystème intestinal est une tâche complexe, en particulier le sujet de la diversité du microbiote, indispensable à la vie. L’écrivain François Légende nous propose sa vision, imagée et simple.
Comprendre l’écosystème intestinal : connaissez-vous la différence entre un éléphant et une girafe ?
Imaginons un pays merveilleux, où des milliers d’animaux vivent en harmonie. Les animaux sont tellement nombreux qu’il est impossible de les compter avec certitude. Malgré tout, des scientifiques du monde entier s’évertuent à réaliser ce comptage, avec des stratégies variées et des résultats peu convaincants. Certains mesurent le nombre de bêtes sur un échantillon, puis multiplient le résultat par la surface totale du pays, mais la validité de leur échantillon est remise en cause. D’autres se positionnent à un endroit stratégique, comme un point d’eau ou un lieu de reproduction, puis ils dénombrent les animaux qui passent en un temps donné, et enfin, ils extrapolent. Évidemment, ceux-là aussi subissent les critiques de leurs confrères sur la méthodologie utilisée : choix du lieu, temps d’expérience, technique d’extrapolation.
Bref, on sait que les animaux sont très nombreux, mais on ignore précisément combien. Le combat fait rage entre les experts, cent millions, un milliard, cent milliards…, c’est l’inflation dans les chiffres, et aussi dans les égos.
Un jour, un enfant visite ce pays merveilleux. Évidemment, il est subjugué par la beauté des animaux et de leur environnement. Mais contrairement aux experts obnubilés par leur comptage, l’enfant observe, et il voit immédiatement que ce n’est pas l’harmonie chez les animaux. Certains sont agressifs alors que d’autres semblent craintifs, voire terrorisés. Certains sont gros en comparaison avec d’autres petits, voire minuscules. Certains sont multicolores et voyants, alors que d’autres sont discrets, voire presque invisibles.
L’enfant connaît ces animaux, il y a là des éléphants et des rhinocéros, des lions et des panthères, des girafes et des zèbres, des perroquets et des marabouts, et des reptiles, et des insectes... L’enfant s’adresse aux scientifiques, toujours occupés à se chamailler sur les chiffres, il leur demande à quoi ça sert de compter ensemble des animaux aussi différents ? Les savants ne comprennent pas la question de l’enfant, focalisés sur leur débat stérile. L’enfant poursuit : quoi, vous ne connaissez pas la différence entre un éléphant et une girafe ?
Alors les experts réalisent qu’ils passent leur temps à compter sans distinction les éléphants et les girafes, et tous les autres animaux ensemble, les buffles avec les moustiques, les antilopes avec les fourmis, et les vautours avec les scarabées ! Ils regardent l’enfant, ils comprennent qu’ils sont sur une fausse piste. Alors ils se mettent d’accord : à partir d’aujourd’hui, ils travailleront ensemble et ils étudieront les animaux avec discernement. Certains se spécialisent dans le comptage des mammifères, d’autres s’intéressent aux insectes, d’autres encore aux oiseaux. Et les savants repartent sur le terrain pour le dénombrement.
L’enfant regarde les groupes se répartir, ceux qui grimpent sur les hauteurs, munis de jumelles, pour avoir une vision d’ensemble sur les troupeaux, ceux qui se mettent à quatre-pattes pour observer les insectes au plus près avec leurs loupes, ceux qui plongent sous l’eau en combinaison étanche, ceux qui prennent l’avion pour voler avec les oiseaux... et tous comptent.
L’enfant suit cette agitation avec un œil curieux. Il s’adresse à nouveau aux scientifiques, il leur dit que tout ce travail est inutile, que ce comptage ne sert à rien si personne ne s’occupe des relations entre les animaux, le lion mourra de faim sans la gazelle, l’hippopotame croulera sous les parasites sans le pique-bœuf, le bousier disparaîtra sans les crottes du gnou. L’enfant ajoute qu’il ne faut pas oublier les plantes, les fleurs, tous les végétaux, et la terre aussi, et l’eau qui coule dans les rivières, ou celle qui stagne dans les lacs… Les chercheurs se regardent, évidemment, ils ne peuvent pas continuer ainsi, ils se regroupent, ils se concertent, ils se réconcilient, et enfin, ils s’harmonisent.
C’est décidé, à partir d’aujourd’hui, ils travailleront ensemble, et ils protégeront le formidable écosystème qui s’offre à eux. Et plus jamais ils ne confondront un éléphant et une girafe.
Ce pays, c’est notre écosystème intestinal, et tous ces animaux, ce sont les micro-organismes qui composent notre microbiote (ou flore intestinale).
Comment fonctionne notre écosystème intestinal ?
On considère souvent le microbiote comme une entité : « ces bactéries bénéfiques que nous hébergeons dans notre tractus digestif », et certains chiffres impressionnent : cent mille milliards de bactéries, 1 à 2 kg du poids corporel. Ceci est établi.
Malgré tout, les bactéries qui constituent notre microbiote sont des organismes vivants autonomes, c’est-à-dire qu’ils ne font pas partie de notre corps. De plus, ces bactéries se répartissent en centaines d'espèces différentes. Chez les animaux supérieurs, évidemment, deux éléphants donneront naissance à un éléphanteau…, et jamais à un girafon ! Chez les bactéries, c’est pareil, même si le mode de reproduction est bien différent (asexué), une bactérie A donnera « naissance » à une bactérie A…, et jamais à une bactérie B.
Certes notre microbiote se compose de milliards de microorganismes, mais cette population est très hétérogène : il existe potentiellement 1.000 espèces différentes susceptibles de définir un microbiote humain. Ces espèces peuvent être très différentes, autant qu’un éléphant et une girafe : différents métabolismes, différents modes respiratoires (avec ou sans oxygène), différentes capacités (mobilité ou pas…).
Le microbiote doit donc être vu comme un ensemble de populations disparates, vivant en équilibre, mais également en compétition, voire en conflit. Certaines catégories bactériennes vont être dominantes, ce sont les « lions », d’autres soumises, ce sont les « gazelles ». Si une espèce prend le dessus et envahit d’autres territoires que le sien, on parle de « pullulation bactérienne », l’équilibre va être rompu et c’est un risque accru de dysfonctionnement : allergies, intolérances... Si une espèce devient trop faible, des germes opportunistes vont en profiter pour coloniser les zones abandonnées : Candidoses, dysbioses… Si la quantité de certaines espèces diminue, par analogie à une baisse de la « biodiversité », le fonctionnement biologique de notre organisme peut être profondément perturbé : phénomènes inflammatoires, obésité, diabète, psychologie …
Il faut également se rappeler que chacun de nous possède un microbiote unique qui le caractérise. Bien sûr, certains germes sont communs à tous les humains, ce qui assure les fonctions vitales de base. Mais, au-delà de ce noyau commun, il existe des spécificités qui distinguent les individus entre eux : parmi les 1.000 espèces susceptibles de constituer un microbiote humain, chaque individu en possède seulement 160, et cette sélection se fait selon des critères très complexes : ainsi, c’est un écosystème unique qui se crée entre l’individu et son microbiote. Tout comme le koala qui vit dans un écosystème unique en Australie, ou le pingouin au Pôle Nord.
Le microbiote est donc caractérisé par une spécificité et une variété propres à chacun, dans une complexité qui doit nous pousser à la modestie. Au-delà de l’aspect quantitatif, le plus important reste, d’une part, les relations qui s’établissent entre les centaines espèces du microbiote et, d’autre part, l'équilibre existant entre ce microbiote spécifique et l’individu qui l’héberge.
Apporter l’équilibre à notre écosystème intestinal
Comme évoqué précédemment, si une bactérie vient à manquer, l’équilibre intestinal est rompu avec un impact possible sur la santé.
L’objectif sera alors de rétablir l’homéostasie du microbiote, certes, mais en tenant compte de sa spécificité et de sa variété. L’apport de germes microbiotiques extérieurs est envisageable, mais au risque d’introduire des souches inconnues au cœur de notre microbiote, un peu comme importer des koalas au Pôle Sud ou des pingouins en Australie.
Pire, le risque est aussi d’aggraver la situation en ajoutant des germes exogènes à une population déjà en excès (cas des pullulations). Si les éléphants viennent à manquer, il est contre-productif d’ajouter des girafes !
Il est plus « écologique » de normaliser l’équilibre du microbiote en restaurant sa variété initiale, grâce à un apport de métabolites microbiotiques naturels, comme des prébiotiques, des post-biotiques et des psychobiotiques. De cette façon, en complément à une alimentation adaptée, il devient possible de rétablir durablement les relations au sein de notre microbiote, et entre notre microbiote et nous, de façon individualisée.
Avertissement : certains d’entre vous, bien que très positifs envers nos publications, ont critiqué le fait que « cela se termine par une publicité ». C’est un vrai dilemme ! Lorsque nous ne donnons pas de recommandations « produit » dans le prolongement de nos articles, nous recevons de nombreuses demandes de conseils, sur quelle spécialité utiliser ou sur quel ingrédient choisir ? Et si nous communiquons, nous sommes taxés d’être trop « marketing ». Tout est question de point de vue !
En tant que Fondateur de PARINAT, il y a plus de vingt ans, je pense être resté fidèle à mes engagements initiaux, et ce qui compte, c’est de diffuser un message qui reflète nos convictions. La « publicité » qui accompagne nos textes reste accessoire.
Aussi je vous propose de nous dire vraiment si cette information produit vous choque ou, au contraire, si vous trouvez pertinent d’être aiguillés vers une spécialité. Selon vos retours, nous maintiendrons notre communication « produit », ou nous la supprimerons. A vos commentaires !
Patrick HOULIER, Directeur de PARINAT
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